Dans cet article nous parlerons d’assainissement des eaux usées par phyto épuration, de compostage, de toilettes sèches et des projets en cours d’élaboration
Le secret d’une station de phyto-épuration : Deux bassins remplis d’un granulat de graviers, du sable et des roseaux et c’est TOUT
Dans le cadre des journées de portes ouvertes du réseau Twiza, je me suis rendu chez Vincent à Blieux (04) avec l’intention d’en savoir un peu plus sur l’assainissement.
Mais également en tant que membre actif de Twiza afin de mieux faire connaître l’association et peut-être de trouver les premiers maillons de notre groupement local du 04 (Alpes de haute Provence).
Nous sommes 3 à suivre la visite ; Fabien agriculteur sur Digne, Philippe qui est en train de construire une maison en bois/paille/terre et moi-même.
Vincent LE DAHERON Ingénieur en Sciences de l’Eau Il a travaillé dans différentes entreprises développant des systèmes d’assainissement innovants. Il a notamment effectué des recherches sur la valorisation des matières organiques humaines en agriculture et participé au développement d’un habitat autonome recyclant entièrement les déchets humains en ressources.
Il conseil particuliers, associations et entreprises souhaitant implanter des systèmes alternatifs d’assainissement et de traitement de l’eau.
Il dispense aussi des formations en gestion écologique de l’eau auprès de différents centres dédiés à la construction écologique (Terre Vivante, Oïkos).
v.ledaheron@gmail.com // https://www.linkedin.com/in/vincent-le-daheron/
Tout a commencé par une situation d’urgence!
La maison de Vincent pouvant accueillir une dizaine de personnes avait une fosse septique qui s’affaissait de plus en plus.
Jusqu’à faire lâcher les tuyaux de raccordement. 500 l/jour.
Il fallait vite trouver une solution !
Comme il y avait sur place des anciens bassins de pisciculture, Vincent en a récupéré deux.
Première étape : amener les eaux usées avec un tuyau de 30 devant les 2 bassins.
Ensuite, il a installé un regard de répartition qui a pour mission de séparer les eaux en deux avec un système de vannes, le but est d’alimenter avec un tuyau de 10 les bassins en alternance.
De cette manière, le filtre du bassin de décantation ne travaille qu’une semaine sur deux.
Cabanon WC : une cuvette de toilettes avec en dessous une chambre de compostage, donc pas besoin de sciure pour cacher les matières (il s’en sert également pour vider le contenu des toilettes de la maison). Le truc pour masquer l’aspect visuel est de mettre la source de lumière au niveau du sol, du coup au niveau de la planche de toilettes on ne voit plus grand-chose. Pour l’odeur, l’idéal est de mettre dans la chambre de compostage un tuyau de sortie avec un petit ventilateur qui aspire l’air. La chambre devrait être étanche au niveau du sol et coupée de la lumière.
Petite astuce de Vincent : l’attrape mouche : un tuyau
Si on n’agissait pas de la sorte, la population bactérienne vivant dans le filtre n’aurait pas le temps de se reposer.
D’un autre côté cela permet à la matière fécale, le papier toilette et autre de se décomposer.
Les bassins ont les dimensions suivantes : 6 m de long, un de large et un de haut.
Le granulat est composé dans le fond 20 cm de gravier de 20/40, puis 20 cm de gravier de 10/20 et enfin en surface 5 à 10 cm de sable fin de 0.4.
On va du plus fin au plus gros, et du coup cela fait comme un filtre à café, cela retient les matières solides et le papier en surface, le reste percole et ensuite c’est drainé par les gros graviers du fond.
Une vingtaine de roseaux ont été ajoutés.
Ils n’ont pas de racine, ce sont des rhizomes, cela évite qu’une croute colmate d’une part et d’autre part sous l’action du vent le roseau bouge et laisse ainsi rentrer l’air dans le filtre .
Les eaux usées sont déversées dans le bassin à une vingtaine de cm de hauteur .
A l’automne les roseaux sont coupés et Vincent s’en sert comme paillage pour les arbres.
Pour l’hiver, pas de crainte de gel car avec les eaux usées des machines à laver, lave-vaisselle, et des douches il y a en permanence des flux d’eaux chaudes. Le problème de l’hiver c’est la température, la transformation des éléments pollués est faite par des espèces vivantes, des pédo-faunes, des vers, des bactéries qui sont un peu moins actifs avec des températures basses, mais le fait qu’il y ait une légère croute en surface amène une réduction des éléments polluants.
Un tel système sera moins efficace avec des toilettes sèches (moins de matières organiques).
En amont il faudra faire attention aux produits utilisés. Le moins possible d’eau de javel, de poudre de lessive à base de produits biodégradables, de savons naturels, …
Un drain est inséré dans le bassin et un tuyau vertical avec chapeau permet l’évacuation de l’air. A la sortie, l‘eau est claire et il n’y a pas d’odeur.
A l’arrière des bassins, une chambre de visite a été installée pour récolter les eaux traitées des deux bassins.
Légalement l’eau en sortie doit être infiltrées.
Mais Vincent trouve bien plus judicieux d’envoyer cette eau sur un cratère de plus au moins un mètre de profondeur et de 2 mètres de diamètre.
Le tout recouvert d’un broyat de bois, qui sert d’éponge et irrigue des arbres fruitiers.
A la sortie de l’hiver, Vincent a fait faire une analyse de son eau.
En principe c’est à cette période que le résultat devrait être le moins bon : Verdict en dessous des valeurs imposées à l’assainissement collectif.
En assainissement privé il n’y a pas d’obligation de résultat mais bien de moyen.
Le SPANC vient contrôler si la taille du bassin est assez grande, si on a bien respecté telle norme ou tel agrément.
Il ne procède pas à une analyse des eaux.
Donc, pour être dans la légalité, un concepteur de station d’épuration doit recevoir un agrément assez onéreux qu’il va le répercuter à ses clients.
En France, la société Aquatiris a reçu un agrément pour sa station de phytoépuration.
Et propose une solution adaptée pour les auto-constructeurs et du coup à un prix abordable.
Dans le cas de Vincent, son investissement a été de 3000 € répartit de la manière suivante :
Pour une station normée, il faut compter environ 10.000 €.
Le SPANC contrôle si votre installation comporte des risques pour les personnes et pour l’environnement. Son verdict sera :
Un projet expérimental FBB porté par le réseau d’assainissement écologique en collaboration avec des universités est en phase d’examen par les ministères de l’écologie et de la santé
L’idée est d’acheminer uniquement les eaux ménagères (il faudra donc combiner cette solution avec des toilettes sèches, voir ci-dessous) dans une tranchée remplie de broyat de bois d’où le nom Filtre par Broyat de Bois (FBB).
L’eau sera envoyée en alternance dans une des 5 tranchées parallèles de 2,5 de long sur 40 cm de large et 30 cm de profond remplies de broyat de bois. Autour de celles-ci, il y aura des plantes et c’est TOUT !
Lien vers le dossier complet
On récupère l’urine dans un bidon de 5 litres. Puis elle sera diluée à 10 à 20 % avant d’être arrosée sur les arbres fruitiers.
Une cuvette de toilettes avec en dessous une chambre de compostage.
Donc pas besoin de sciure pour cacher les matières.
Il s’en sert également pour vider le contenu des toilettes de la maison.
Le truc pour masquer l’aspect visuel est de mettre la source de lumière au niveau du sol.
Du coup au niveau de la planche de toilettes on ne voit plus grand-chose.
Pour l’odeur, l’idéal est de mettre dans la chambre de compostage un tuyau de sortie avec un petit ventilateur qui aspire l’air. La chambre devrait être étanche au niveau du sol et coupée de la lumière.
Petite astuce de Vincent : l’attrape mouche : un tuyau composé d’un côté d’une zone avec de la lumière et de l’autre un sac de récolte, le tout fixé sur le côté de la chambre de compostage.
Vincent vide sa chambre de compostage une fois par an et met le résidu sur son compost de maison.
Celui-ci devrait être dans une zone d’ombre et composé de deux zones.
Dans la première il met son compost ménager agrémenter du résidu de sa chambre de compostage de ses toilettes sèches, remue le tout régulièrement pour le rendre homogène et l’oxygéner.
Puis 1 fois par an déverse le tout dans une deuxième zone pour le laisser se reposer de 6 à 12 mois ensuite il est prêt à l’emploi. Pour le SPANC il faudrait recouvrir le compost avec une bâche pour éviter le ruissellement
Dans la maison, ils ont remplacé certains WC classiques par des toilettes sèches avec séparation de l’urine et des matières fécales.
La grande crainte que vous pourriez avoir, c’est l’odeur. Celle-ci vient de l’urine qui crée une enzyme l’uréa.
Pour éviter ça, il faut que l’urine reste avec un facteur PH bas ou élevé.
L’autre aversion est l’aspect visuel sur les matières fécales, deux solutions :
La conception de toilettes sèches à séparation de l’urine des matières fécales proposée par un petit coin de paradis permet de limiter ces inconvénients.
Le bac contenant les matières fécales sera vidé sur une zone de compostage.
Le bac d’urine sera dilué avant d’être déversé sur le sol.
Il rattrapera donc son PH et se transformera en azote ammoniacal puis en nitrate qui sera assimilé par les plantes.
Une expérience a lieu à Bordeaux par la Fumainerie pour récolter dans un bâtiment de 4 étages les urines et matières fécales de 50 familles
Un tout grand merci à Vincent et sa petite famille pour cet agréable moment passé chez lui et surtout pour la visite riche d’enseignement sur son installation d’épuration.
Nous avons décidé autour d’une bonne bière locale et bio de nous revoir pour lancer les bases du réseau local de Twiza dans le 04.
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Jean-Luc Delafontaine
Version n°1 Août 2023 Je Bâtis Ma Maison - Jean-Luc Delafontaine
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Grand merci, c’est très intéressant, j’espère mettre cela en place chez moi un jour. Bravo pour votre exemple, j’espère voir cela aussi à Blieux
Pascale
Merci pour votre commentaire. Vincent est très ouvert, et généreux en explications
Super article ! Mais il manque les photos des étapes pour rendre plus ludiques et pratiques à celles et ceux qui veulent ou n’osent pas par crainte à se convertir à la phyto-épuration.
Bravo.
Merci pour le gentil commentaire. Concernant les photos des étapes intermédiaires je vais demander à Vincent et s’il en a elles seront vite insérées dans l’article
Ravi de découvrir notre Toilette « Bibok » en action chez Vincent! La séparation à la source via notre séparateur en céramique facilite la récolte des urines et matières fécales, ce qui permet d’espacer et rendre plus agréables les vidanges. Ce faisant, on économise aussi de la sciure (ou copeaux, broyats…) ! Pour info il est aussi possible d’acquérir le séparateur seul et de fabriquer soi-même son toilette à séparation. Merci et bravo pour toutes ces informations qui participent à diffuser des solutions moins gourmandes en ressources et plus vertueuses pour le vivant!
Merci pour ce commentaire constructif.